Diffusé le mardi 21 janvier à 23 heures sur France 2. Légionnaires est un film documentaire sur les légionnaires et non sur la Légion Étrangère. Ce n'est pas l'institution qui est ici traitée mais les hommes qui la composent. Et plus précisément, les engagés à titre étranger, annonce le diffuseur.
Nombreux sont les documents qui montrent ces soldats d'élite en train de sauter, de ramper, de s'entraîner en Guyane ou ailleurs. Peu, voire aucun ne les montre dans des moments de calme, de recul. Ce film s'est précisément construit sur la parole de ces soldats étrangers, effaçant volontairement celle des officiers français. Les légionnaires racontent ainsi leur histoire souvent cabossée. Ils sont pudiques, graves, drôles...
Il a fallu près de trois mois de repérages prolongés par six mois de tournage pour obtenir leur confiance. À travers le portrait de 6 d'entre eux, le film Légionnaires d'Olivier Bauer et Jean-Christophe Victor tente sobrement de répondre à ces quelques questions :
Qui sont ces hommes arrivés des quatre coins du monde et venus se battre pour un pays qui n'est pas le leur ?
Pourquoi sont-ils venus ?
À quoi a ressemblé leur voyage jusqu'aux portes d'Aubagne, le siège de la Légion ?
Que sont-ils venus y chercher ?
Qu'y ont-ils trouvé ?
Jean-Christophe Victor : "Légionnaires révèle les engagés volontaires qui composent la Légion étrangère. Pour la première fois, un documentaire donne la parole à ces hommes venus former ce corps d’élite, unique au monde. Témoins des vicissitudes contemporaines de notre monde, personnages au passé mystérieux, ils ont tout quitté pour vivre « l’aventure ». Et de facto, se mettre au service des valeurs et des intérêts de la France jusqu’au « péril de (sa) vie », comme le stipule l’article 6 du Code d’honneur du légionnaire. À travers ce film, notre intention est de découvrir une Légion à hauteur d’hommes, dans une sorte de « corps à corps » entre l’individu et l’institution qu’il sert.
Tous se livrent, nous révèlent leurs espoirs et leurs doutes, ils nous parlent de leur famille qu’ils laissent derrière eux, ils se confient sur leurs desseins mais aussi sur leurs peurs car les légionnaires renoncent non seulement à leur passé, à leur patrie, mais aussi à leur identité pour pouvoir rejoindre les rangs de la Légion. Dans ce film, ce sont les hommes derrière les soldats qui nous parlent.
En prenant le parti de suivre des légionnaires loin des combats, nous rendons accessible le destin fragile de ces hommes au sein de l’institution, nous les accompagnons durant leurs temps de repos et d’entraînements, les uns après les autres, les uns avec les autres. Au cœur de la caserne du 2e Régiment Étranger d’Infanterie (REI) de Nîmes, l’un des plus importants régiments de la Légion, ils nous ouvrent les portes de leur chambrée, de leur casier, de leur intérieur.
Dans leurs rares moments de calme propices à la réflexion. Dans les moments de joie et de partage où toutes les langues s’entremêlent pour laisser place aux fous-rires, aux remords, aux espoirs, aux incertitudes aussi. Nous avons eu accès à leur intimité. Une intimité rare, porte d’entrée de leur fragilité. Cette fragilité qu’on ne voit habituellement pas, qui est tue, cachée sous le treillis ou l’uniforme de parade. Ces hommes surentraînés ne parlent habituellement pas devant les caméras, ils disent encore moins ce(ux) qu’ils sont. Un véritable paradoxe.
Ce sont pourtant toutes ces fragilités qui servent la Légion, corps d’élite autant réputé pour sa force que pour son courage. C’est cette humanité enfouie qui nous intéresse et que nous sommes venus chercher. Chacun des six hommes que nous avons retenu (la Légion reste le seul corps de l’armée française n’admettant aucune femme dans ses compagnies de combat) pour construire la narration du film est animé par un enjeu fort, crucial. Un enjeu lié à leur vie au sein de la Légion. Chacun y cherche sa place en fonction de son vécu, de sa force, de son grade".